Dans le documentaire français, J’irai dormir à Hollywood, Antoine de Maximy a obtenu un plan sur lequel sont indiquées les maisons des célébrités d’Hollywood, comme George Clooney ou Tom Cruise. À la fin du film, il se présente à l’entrée du garage de Steven Spielberg, mais il est éconduit par la sécurité.
Le plan des domaines des acteurs peut en effet être acheté dans n’importe quelle rue d’Hollywood. Mais ces derniers jours, une autre visite est de plus en plus populaire, celle des résidences des directeurs d’AIG (American International Group) – la grande entreprise américaine spécialisée dans la vente d’assurance.
L’indignation « populiste » contre les 165 millions de dollars payés aux salariés d’AIG avait amené la puissance publique à prendre en main la situation. Le 21 mars, « The Connecticut Working Families party » a organisé une visite en bus des résidences des directeurs d’AIG, situées sur le comté de Fairfield, dans le Connecticut.
Voici ce que l’on trouve sur leur site :
« Nous sommes très fâchés contre AIG. Leurs directeurs portent une partie de la responsabilité pour avoir mis l’économie à genoux, et maintenant, les mêmes personnes reçoivent des centaines de millions de dollars de primes – à nos frais. Rassemblons-nous lors d’une sortie éducative pour leur faire passer le message. »
Vingt manifestants environ, accompagnés des médias internationaux et nationaux qui les surpassaient en nombre, ont fait un arrêt aux maisons de Douglas Poling et James Haas – les deux hommes ont travaillé pour la division produits financiers, désormais très connue. Surnommé « Jackpot Jimmy » par le New York Post, Haas a accepté de rendre la prime qu’il avait touché avec Poling.
Le 18 mars, Edward Liddy, le président-directeur général d’AIG, a dit au Congrès américain que les primes ont entrainé des menaces de morts et qu’il était peu disposé à nommer les persones devant recevoir des primes parce qu’il a craignait pour leur sécurité.
Selon Joe Nocera, dans un éditorial du The New York Times, les huées du publix et aussi la réponse du Congrès américain sont peu productives et sapent les efforts fédéraux pour reconstruire l’économie. De plus, ce jeu de responsabilité détruit la valeur de l’entreprise, incluant ses « bons » côtés. Ce n’est pas juste que les clients vont aller ailleurs, mais les employés aussi souhaitent de partir.
Dans un email à Liddy, Jake DeSantis, le vice-président exécutif de la division produits financiers d’AIG, a soumis sa démission. Il a exprimé son souhait de donner toute sa prime, environ 742.006,40 de dollars après les impôts, aux organisations qui aident les gens qui souffrent de la crise financière.
Peut-être est-ce ce paragraphe, écrit par Nocera, qui résume les sentiments de la plupart des Américains à propos du scandale :
« En fin de la semaine, j’étais plus déprimé par la crise financière que je ne l’avais été depuis septembre dernier. À ce moment-la, le problème a été la destruction du système financier, dont la faillite de Lehman Brothers a provoqué une réaction en chaîne terrible. Maintenant, je m’inquiète de la réponse politique qui peut être pire que la crise. L’administration Obama semble avoir perdu son influence sur le Congrès américain, pendant que le ministère des finances est toujours pris au dépourvu par de mauvaises nouvelles. Et le Congrès américain, avec ses hurlements de colère, sa réaction chaotique et épisodique à la crise, et en jouant impudemment de son influence, ne peut pas se contrôler. »
Le 19 mars, la chambre des députés a approuvé une proposition de loi, qui taxe 90% des primes payées aux salariés des entreprises recevant de grandes sommes des fonds fédéraux.
Comme Nocera le remarque, la proposition de loi ne dit rien des primes qui ont été payées avant 2009, signifiant que la plupart des primes ne seront pas touchées.
Ce sont de bonnes nouvelles pour le 200 employés de Merrill Lynch, une entreprise américaine de services financiers, qui ont reçu au total 3,6 milliards de dollars à la fin de l’ année dernière. À cette heure, aucune visite en bus n’est prévu pour visiter leurs résidences.
Euna Lhee